Le poids du regard des autres sur nos seins
Malgré qu’il semble évident que nos seins nous appartiennent, j’ai souvent eu le sentiment, au cours de ma vie, qu’au vu de leurs tailles, mes seins étaient perçus par certaines personnes, comme une propriété partagée. Et c’est un sentiment insupportable!
Les remarques qui blessent
Vous venez de quitter vos amis et vous marchez en direction de votre voiture. Vous percevez des regards furtifs en votre direction, mais rien de très offensant. Jusqu’à ce qu’une âme « charitable et bienveillante », se permette de dire à haute voix :
« Y’a du gros bonnet ici!!! »
Eh là, le monde s’arrête de tourner. Vous avez le sentiment que tous les regards sont pointés sur vous et une envie irrépressible de vous cacher dans un trou de souris.
Mais, comment une remarque aussi déplacée peut-elle sortir de la bouche d’un être humain, d’une manière aussi naturelle ? Comment peut-on être aussi intrusif ? Est-ce que quiconque se permettrait une remarque gratuite sur la taille des organes génitaux d’un homme qu’on ne connaît pas ?
Ma journée avait si bien commencé…
Que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle, nous sommes toutes susceptibles, malheureusement, d’être confrontées à la bêtise humaine. Et la bêtise humaine ne connaît ni de genre, ni de limite. Lorsque certains fantasment sur notre poitrine et/ou se persuadent qu’ils ont des droits dessus, il nous faut assurer une contre-attaque de plus efficaces qui a pour but de rappeler qu’une poitrine est une propriété PRIVEE.
Jusqu’à ce que certains soient mieux éduqués au respect de l’Autre, il sera nécessaire que nous apprenions à nous protéger de ce genre de situation et à nous réapproprier notre corps. Car avoir à gérer le sentiment d’être un bout de viande dont on choisit les meilleurs morceaux, est assez déstabilisant et a forcément un impact sur notre perception de nous-mêmes.
Je ne souhaite à personne d’avoir à gérer le sentiment de honte et de culpabilité qui nous envahit.
Mais POURQUOI ressentons nous cela ? Pourquoi, sommes nous parfois dans l’incapacité de nous défendre ?
Il a fallut un grand nombre d’années et beaucoup de recul pour trouver des réponses constructives à mes questionnements. Et des années plus tard,…
J’ai compris !
Se connaître pour mieux comprendre ses réactions
Au fil des années, j’ai pu comprendre que lorsque nous sommes en plein travail d’acceptation de cette nouvelle partie de notre corps que sont nos seins, la confiance en soi est pratiquement inexistante. Il arrive souvent que nous mettions tout en œuvre pour que notre poitrine soit la moins visible possible. Alors quand des personnes, par leur curiosité ou leur regard sexualisé, se donnent le droit de mettre en évidence notre poitrine, on se sent mise à nue et démasquée. C’est comme si nos seins ne nous appartenaient plus. A ce moment, divers sentiments se bousculent :
- La honte d’être mise à nu en public. Car cela se passe souvent en public.
- La colère. Contre l’autre, contre nous.
- L’incompréhension
- Une intense frustration et une culpabilité grandissante…
Sur le moment, il arrive que nous ayons du mal à identifier cette avalanche de sentiments. Et comme nous ne savons pas poser des mots sur nos ressentis, nous n’en parlons pas. Nous nous renfermons sur nous-mêmes. Souvent, ce mécanisme de défense ne fait qu’aggraver la situation.
A notre époque où la notion de consentement est largement enseignée, tous les êtres humains devraient pouvoir contrôler leur pulsion. Mais à ce jour, il faut se rendre à l’évidence. Ce monde idéal n’existe pas encore et nous n’avons aucun pouvoir de changer les autres contre leur volonté. Malgré tout, ce n’est pas pour autant que nous devons nous résigner à subir des situations que nous n’avons pas sollicité.
Dans ce genre de situation, pour aller bien, il est indispensable de remettre chacun dans ses responsabilités.
Repositionner objectivement les responsabilités
Qui est l’agresseur ? Qui est la victime ?
Autrement dit :
Qui s’autorise à vous réduire à une paire de sein et à instrumentaliser une partie de votre corps sans votre consentement ? Qui subit une situation qui n’a pas été demandée ?
Ne cherchons pas d’excuses à des gens qui ne le méritent pas! Pourquoi devrions nous porter les conséquences des mauvaises actions des autres ?
Quoiqu’il en soit, nous avons plus de pouvoir que nous voulons bien le croire.
En effet, reprendre le pouvoir (empowerment) sur ce que nous sommes, sur notre bien-être, nous donne l’opportunité de travailler sur des éléments de nous-mêmes qui nous aideront à nous accepter et à nous aimer indépendamment du regard des autres. La confiance en soi, cela se ressent. Entourez-vous de cette aura qui vous aidera à vous tirer de bon nombre de situations. Si vous ne l’avez pas encore, comme disent les américains : fake it until you make it. Faîtes-le croire jusqu’à ce que vous le soyez vraiment. La vie n’est parfois qu’une grande scène de théâtre dans laquelle chacune doit définir son rôle à partir des ressources à sa disposition.
L’entourage : une ressource insoupçonnée
Il suffit d’une seule personne pour que notre regard sur nous-mêmes changent. Que ce soit dans le sens négatif ou positif. A partir de ce constat, il nous appartient de valoriser la parole qui nous aidera à nous construire, le plus positivement possible.
Lorsque je reviens sur mon expérience de vie, je ne peux que défendre bec et ongles, cette affirmation.
Du fait des complications que je ressentais dans mon rapport aux autres à cause de ma poitrine. Je ressentais un grand manque de confiance en moi. Le sentiment d’être incomprise était prégnant. Et je me sentais horriblement maladroite et seule. C’est au moment où, je pensais être au plus bas, qu’une personne totalement inattendue a rempli ma vie.
Une femme extraordinaire !
A ma grande surprise, grâce à elle j’ai appris qu’on pouvait porter fièrement un 100G, sans se soucier du regard des autres. Sa confiance en elle-même irradiait.
Nos longues discussions sur nos conceptions de la féminité, nos expériences partagées m’ont aidées et orientées vers la voie de l’apaisement. Ça n’a l’air de rien, mais avoir une personne auprès de soi qui ne vous juge pas, qui a vécu les mêmes questionnements et qui vous pousse chaque jour à vous affirmer, c’est enveloppant et rassurant. A son contact, je me suis sentie assez sécure pour m’accepter tous les jours un peu plus.
Comme une mère, elle a posé les premières pierres de la confiance en elle, en l’Autre, mais surtout en moi. C’est, d’ailleurs en partie grâce à elle, que ce blog existe. Son soutien et sa présence à tout changer pour moi.
Depuis elle, je me suis réappropriée cette partie de mon corps qui jusqu’alors m’était étrangère. Je ne vis plus ma poitrine comme un fardeau mais comme un atout pour lequel la nature a été généreuse et je lui en suis très reconnaissante.
Priorisez-vous !
Je ne le répéterai jamais assez. Développer la confiance en soi est la clé d’un rapport au monde dans lequel vous pourrez vous épanouir. En attendant que, pas à pas, vous soyez en mesure de la construire, voici quelques conseils, qui je l’espère vous servirons :
- Travaillez votre répartie en anticipant les remarques que l’on pourrait vous faire. Les remarques sont souvent les mêmes et manquent d’originalité. Cela ne viendra pas automatiquement la première fois, ne vous en voulez pas.
- Travaillez votre posture et sentez vous à l’aise dans ce que vous portez. La nature vous a fait telle que vous êtes. Vous n’avez pas à vous excuser ! Les personnes qui se fichent totalement de votre bien-être, auront beaucoup plus de mal à venir se frotter à vous. Gardez en tête la maxime américaine que nous avons vu précédemment : Until fake it you make it.
- Ne vous empêchez pas d’être vous-même.
Dans la mesure où, nous sommes des animaux sociaux, il est normal que nous ressentions le besoin d’être accepté par le groupe auquel nous souhaitons nous référer. Mais cette intégration doit-elle se faire au dépens de vous-mêmes ? Au dépens de votre dignité ?
La réponse vous appartient.
En conclusion, pour votre bien-être, n’oubliez jamais que le regard des autres ne nous définit pas ! Et ne nous définira jamais !